Ralentir en Bibliothèque, ce n'est pas réduire l'action culturelle!

Affirmer qu'il faut ralentir l'action culturelle des bibliothèques en déprogrammant certains artistes pour des raisons écologiques et d'économies de coûts, comme on peut le lire dans certains articles, est non seulement une approche réductrice, mais aussi une menace directe à la mission fondamentale des bibliothèques et à la vitalité de notre société.
Les bibliothèques sont les poumons culturels et artistiques de nos communautés. Elles offrent un espace où les citoyens peuvent accéder à une culture diversifiée, à l'éducation continue et à l'épanouissement personnel. Les événements artistiques organisés par les bibliothèques, tels que les expositions, les concerts, les ateliers et les lectures publiques, jouent un rôle crucial dans la diffusion d'une culture diversifiée et de qualité, et notamment en milieu rural, et dans le soutien aux auteurs et artistes. Ces activités ne sont pas des luxes dispensables, mais des besoins essentiels pour nourrir l'esprit critique, stimuler la créativité et renforcer le tissu social.
Sur le plan écologique, l'argument est fallacieux. La majorité des événements culturels dans les bibliothèques ont une empreinte carbone relativement faible. Contrairement aux grandes productions culturelles ou aux festivals de masse, les activités des bibliothèques sont souvent locales et modestes, impliquant des déplacements limités et des ressources minimales. De même, les déplacements, en train ou voiture, des artistes "hors région" invités lors des événements artistiques, salons du livres ou expositions organisés par les bibliothèques représentent un une empreinte carbone bien faible. Plutôt que de les réduire, il serait plus pertinent d'adopter des pratiques encore plus durables dans l'organisation de ces événements, comme l'utilisation de matériaux recyclés, la réduction des déchets, l'usage de ressources numériques à faible impact, l'encouragement aux déplacements en transport en commun ou à vélo... Ou sinon, quitte à vraiment opter pour une politique écologique et de décroissance, faudrait-il également, en plus de supprimer la programmation des artistes, boycotter les albums jeunesse, BD, Mangas, livres d'art imprimés en Chine et autres pays low-cost de l'impression et la production littéraire? Quid des fournisseurs de mobiliers, rayonnages et aménagements des bibliothèques ?
Quant aux économies de coûts, réduire l'action culturelle est une vision à court terme. Les bénéfices des activités culturelles des bibliothèques et de l'intervention d'artistes de tout domaine et toute provenance surpassent largement les dépenses initiales. Elles contribuent à la diffusion artistique et culturelle, à l’éducation continue, au bien-être mental et émotionnel, et à la cohésion sociale. En déprogrammant les artistes, on prive la communauté de ces avantages, ce qui peut entraîner des coûts sociaux bien plus élevés à long terme, comme l'isolement, le manque d'accès à l'art et à la culture, notamment en milieu rural, et la diminution de la qualité de vie.
Il est crucial de rappeler que les bibliothèques sont des bastions de la démocratie et de l'égalité, des lieux vitaux de culture et d'art, en dehors de toute pression commerciale ou marketing. Elles offrent un accès gratuit et universel à la culture, à l'art et au savoir. Réduire leur rôle sous prétexte d'économies ou d'arguments écologiques mal orientés, c'est nier leur mission première et compromettre l'accès de tous à la richesse culturelle. Dénigrer le rôle des artistes programmés dans les bibliothèques, voire même conseiller d'en réduire l'action et l'intervention sous des prétexte écologiques et financiers, relève d'un discours qui va à l'encontre même des fondements de l'action culturelle.
En somme, la réduction de l'action culturelle des bibliothèques est une fausse bonne idée. Plutôt que de limiter leur portée, nous devrions chercher à renforcer et à diversifier leurs initiatives culturelles, tout en adoptant des pratiques durables. De même, à déployer des activités "Slow Bib" invitant à l'éveil et la prise de conscience pour des comportements éco-citoyens, à un nouveau rapport au temps, à la nature et à soi, à des pratiques d'up cycling et de partage de ressources. Nombreux artistes s'engagent dans ses voies, ouvrent des possibilités, dégagent des horizons, par leur pratique et leurs engagements. Il serait absurde de les voir éloignés des programmations des bibliothèques pour des raisons fallacieuses de coûts écologiques et financiers! Au contraire, c'est en soutenant nos bibliothèques et nos artistes que nous garantissons un accès égalitaire à la culture et au savoir, que nous renforçons le lien social et la résilience de nos communautés dans un nouveau rapport à notre environnement favorisant la décroissance et la sauvergarde de notre patrimoine naturel.

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